Road trip en Nouvelle-Zélande : le self-contained

Vous l’avez vu, l’achat et l’aménagement du van n’auront pas été une mince affaire. Mais nous en sommes venus à bout. Ne restait plus que cette histoire de self-containment. Le self-contained, c’est grosso modo l’autonomie en eau : 24l d’eau claire (4l par jour et par personne pour minimum 3 jours), une capacité égale pour recueillir les eaux usées, un évier avec quelques contraintes de plomberie, des toilettes chimiques, une petite poubelle. Ca ouvre l’accès à beaucoup plus de campings gratuits. Il y a des régions entières où il est impossible de dormir gratuitement sans la certification. Gros plus donc pour le voyage, mais aussi pour la revente.

On avait prévu le coup, les bidons étaient sagement rangés sous notre « cuisine ». Pour l’évier, une bassine en plastique trouée, une bonde, un joint, et voilà. Sauf que ce qu’on n’avait pas calculé c’est la taille des tuyaux, avec un U pour éviter les remontées et tout le bordel. Pour résumer on a grave galéré pour que ça passe à la place prévue. Enfin B. parce que moi j’en pouvais plus de l’aménagement, javais donc temporairement lâché l’affaire. Bref, on a fini par y arriver, tout était bien, il n’y avait plus qu’à trouver quelqu’un pour passer la certification. On était à Auckland, c’est donc là qu’on est allés le chercher.

Aménagement du van, le self contained
A ne pas faire : laisser pile la place pour les bidons

Je suis stressée, je vous raconte même pas… bon, certes tout suit les nouvelles normes mais ca reste très artisanal. Après on est en Nouvelle-Zélande, le pays de la bienveillance où la bonne volontée est récompensée. Ca devrait aller. Hein, ca va aller ? On arrive, le mec est un blond décoloré hyper barraque et beaucoup trop bronzé : capital sympathie, néant. C’est 150$ payables d’avance, si l’installation n’est pas conforme on peut venir gratuitement la faire recontrôler. Il est tard, on veut se casser d’Auckland au plus vite (je vous ai déjà dit que vraiment Auckland ça ne passait pas ? oui, je vous l’ai déjà dit), on accepte sans discuter. 150$ ca fait bien mal quand même….

Le check se passe suuupeeeer mal. Le mec regarde le tout avec un regard dédaigneux, prend des notes avec un air blasé en secouant la tête et finit par lâcher ses foutus commentaires. En gros, rien ne va. L’installation n’est pas assez « simple ». Bon, certes, mais il n’y a pas marqué dans le texte de loi « optimisation de l’espace requise ». La poubelle ne ferme pas assez bien (ta gueule non plus ne se ferme pas assez) – j’ai fait exprès de choisir une poubelle qui se clipse bordel. Mais grand seigneur, il nous accorde que la caisse pour ranger notre bouffe pourrait faire office de poubelle… (trop aimable) La bassine qui nous sert d’évier n’est pas assez solide (wai bon, ok, mais la changer quand elle pète c’est 4$). L’évent pour l’eau sale doit sortir du véhicule. Mais, mais… comment ? Si on troue la carrosserie, on ne peut plus passer le contrôle technique. Le mystère reste entier. Les toilettes ne sont pas fixées (non, en effet, je comptais même m’en débarrasser assez vite pour tout dire). Enfin, l’évacuation des eaux usées doit faire au moins 25mm. Première nouvelle ! Je suis sure que le mec est en train d’inventer des trucs pendant qu’il nous parle. Il essaie après ça de nous vendre les installations qu’il propose. Mais-bien-sûr.

Rues d'Auckland
On ne peut pas vraiment dire qu’Auckland nous porte chance…

On repart du rendez-vous dégoutés. Bon, certes, il n’a pas tort sur tout mais ce mépris… Totalement inhabituel en Nouvelle-Zélande, on se croirait soudainements revenus à Paris tiens. On passe la fin de journée à errer dans les magasins d’aménagement de bateaux encore ouverts et à pleurer devant les prix (sachez qu’un mini-évier en inox coûte près de 200$). On veut se consoler en picolant avec notre copain Karl : pas dispo. Triste journée… On passe les 2 jours suivants à essayer d’arranger ce qui cloche : on cale les toilettes et les bidons d’eau, on fait sortir l’évacuation d’eau sale par une aération, on change le sens des bidons pour que la sortie soit à peu près du bon diamètre, on met un adaptateur même pour qu’au final ça colle, on tente de mieux fixer l’évier. Bref, on fait de notre mieux et ça doit bien être les deux journées les plus saoulantes du voyage. On retourne donc chez monsieur connard. Pas beaucoup plus confiante en ce qui me concerne.

Et en effet, ca se passe super mal. En gros le mec nous dit qu’on n’a rien fait (à vrai dire il nous le dit texto) : l’évacuation ne fait pas 25mm mais 22 – il a mesuré, si, si – les toilettes et les bidons sont mal fixés – pour que les toilettes bougent il faudrait faire un tonneau et vu que rien n’est fixé dans le van, si on fait un tonneau, je pense que de toute façon, on sera mort et se retrouver avec des toilettes chimiques sur la tête sera le cadet de nos soucis (d’ailleurs, ni les toilettes ni les bidons d’ont bougé d’1mm durant tout le voyage) – enfin l’évent ne sort pas du véhicule parce que l’air qui sort peut re-rentrer donc c’est comme s’il était dedans. Mais mais… non quoi (je tiens d’ailleurs à signaler qu’on n’a jamais eu de problème d’odeur dans le van, donc il avait tort). Je m’imagine très très fort l’étrangler avec son tuyau d’évacuation des eaux usées là tout de suite. On lâche l’affaire pour le moment. Tant pis pour les 150$, on tentera de faire ca plus tard, ailleurs. Si j’entends encore une fois le mot « évent » je crois que je vais me mettre à convulser.

Installation self-contained
A la recherche d’une solution…

Le lendemain on rencontre des français qui ont l’habitude de retaper des vans en Nouvelle-Zélande et nous disent que c’est moins cher et plus facile dans le Sud : 50$. Ils ont rencontré le mec d’Auckland et ont fui aussi sec. On se dit qu’en France on aurait gueulé mais c’était trop compliqué de négocier en anglais, on a laissé tomber. Objectif : progresser suffisamment pour ne plus se laisser arnaquer par flemme de palabrer dans une langue qu’on ne maîtrise pas. Un autre monsieur se joint à la conversation (avec un accent atroce) et nous dit qu’il a payé le contrôle mais n’a pas pu avoir la certification parce qu’il n’était pas membre des motorhomes néo-zélandais. On n’a jamais entendu parler de cette histoire, pour moi ça servait juste à avoir des ristournes dans certains campings, on en déduit que c’est un nouveau truc pour emmerder les locaux.

On recommence nos investigations une fois dans le Sud, à Christchurch, la seule personne qui nous répond est habilitée à certifier seulement les membres du club des caravaneurs justement, on cherche donc à Dunedin puisque la région nous plaît beaucoup et qu’on décide d’y passer quelques jours. Après un nombre incalculable de mail envoyés et de réponse négatives parce que clairement personne n’a que ca a faire au moment de Noël, un plombier accepte enfin de voir notre van. Cette fois, ca se passe super bien, les plombiers du Sud n’ont pas failli à leur réputation. Il trouve même notre installation ingénieuse et semble admiratif du travail accompli : certes c’est rustique mais tout y est. C’est bon pour lui, sauf que la certif lui prendrait 1/2 journée de démarches administratives (ça doit donc être officiellement les démarches les plus longues de toutes la Nouvelle-Zélande) et il n’a pas le temps. Il envoie un mail à un collègue qui a plus de facilités pour faire les certifications lui disant qu’il a déjà inspecté notre véhicule et que c’est ok. Cool, ca se présente bien.

Etiquette self containment
Bientôt la petite étiquette ? On y croit.

1h après le mec ne répond toujours pas au téléphone, on décide d’aller manger en attendant. On attend, on réessaye, pas de nouvelles. Il finit par décrocher vers 18h, on n’y croyait plus. Il ne peut pas faire les certifications pour les gens n’ayant pas adhéré à la secte des motorhomes néo-zélandais. Bien, bien, bien. Il nous donne le numéro d’un confrère. Pendant ce temps je regarde comment adhérer. C’est quelque chose comme 200$ l’année (à la louche, en vrai je ne m’en souviens pas) et surtout, depuis le 13 décembre, il n’est plus possible d’adhérer quand on vient d’au-delà des mers (enfin de partout quoi vu que bon, on est un peu sur une île là…) à moins d’être déjà affilié dans un organisme équivalent dans son pays. J’ai une tronche à passer mes vacances en camping-car sur la Cote d’Azur ?! On est le 21 décembre, ca fait un mois que cette histoire traîne, on vient de toucher le fond…

Le deuxième mec au téléphone nous redit sensiblement la même chose. Il n’était pas au courant qu’on ne pouvait plus adhérer. Seule option pour nous, nous tourner vers les magasins de motorhomes (comme celui du monsieur connard du début de cet article). On n’est pas chauds mais on va tenter. Dans le 1er magasin, le monsieur – très gentil au demeurant – nous dit qu’il ne peut rien faire pour nous si on n’appartient pas à l’association des… vous connaissez la suite. Il regarde rapidement notre instal et nous conseille de faire comme si on avait la certif. Tout est ok, il ne manque que l’autocollant, à moins de tomber sur un mec hyper zellé (et ils n’ont pas l’air nombreux par ici…) ça devrait le faire. Sinon, si on veut l’autocollant, il ne nous reste qu’à faire le tour des revendeurs de motorhomes et des plombiers, certains sont habilités à donner la certif mais ils sont de plus en plus rares, ça va prendre un temps fou et le résultat est incertain. Vous sentez tout le poids de notre découragement là ? Sur le coup on s’est dit qu’on aviserait plus tard mais on a finalement lâché l’affaire définitivement, on était là que 3 mois et parfois il faut savoir renoncer pour profiter du voyage (oui, c’était le moment de sagesse du jour).

Installation self-contained
L’installation finie : pas très optimal, mais ça fonctionne !

Nos conseils

Voilà pour notre petite histoire. Si vous prévoyez de venir en Nouvelle-Zélande et d’acheter un van, ne croyez personne vous disant que « c’est facile d’avoir la certif » (devinez comment on a vendu le notre ? avec ce genre de mensonge, on en sait donc quelque chose !). Ce n’est pas totalement impossible mais ce n’est certainement pas facile. Ca demande pas mal de temps et de recherches. Si vous souhaitez modifer un van déjà existant, allez voir plusieurs installations avant pour savoir ce qu’il est possible de faire et si cela est réalisable sans trop de travaux. Renseignez-vous aussi sur le détail des installations nécessaires, ça prend plus de place qu’on ne croit. Dites-vous bien qu’a priori si le propriétaire ne l’a pas fait pour lui-même c’est que ce n’était pas si évident (vu la différence de prix à la revente, sinon il s’en serait occupé).

Si vous aménagez un van par vous-même, commencez par prévoir l’installation self-contained COMPLÈTE (tuyaux et tout le tintouin inclus, pas juste les bidons) avant de créer votre aménagement autour. Ensuite armez-vous de patience pour trouver quelqu’un habilité à délivrer des certifications aux non-membres des motorhomes de Nouvelle-Zélande. Si possible en dehors d’Auckland, les gens sont souvent moins débordés et plus conciliants. Et évitez de vous y prendre en période de fêtes.
Enfin, si vous achetez un van déjà certifié, faites attention. La réglementation a changé récemment et même si les contrôles sont rares, vous risquez une amande salée si votre installation ne respecte pas les nouvelles normes. Vérifiez la contenance des bidons, la présence d’une poubelle et si les toilettes chimiques sont bien accessibles une fois le lit déplié.

Van Toyota Hiace
Freecamp avec vue

Est-ce que le self-contained est vraiment obligatoire ? Non, mais sincèrement il nous a manqué. Il y a de plus en plus de zones (parfois très grandes) où on ne peut pas dormir gratuitement sans la certification. Même si c’est un peu plus cher à l’achat (ou à l’aménagement), c’est donc très vite rentable. On a profité d’avoir l’installation complète pour dormir à plusieurs reprises dans des camps self-contained, n’ayant jamais été contrôllés sur ce point (sachant qu’en plus dans certaines régions ils ne sont pas très regardants) on ne peut pas garantir que ca passe mais en tout cas on n’a pas été embêtés. On a toutefois évité de le faire dans les zones hyper touristiques où les contrôles sont bien plus fréquents et où ils sont souvent plus à cheval sur les règles. Idéalement, achetez un van déjà certifié en vérifiant bien la teneur des bidons d’eau (2 fois 25l) et la présence de toilettes chimiques accessibles même avec le lit déplié. Si vous décidez de vous passer de la certification, pensez à bien vérifier sur Campermate l’emplacement des freecamp (ou des camps à tarifs raisonnables) à chacune de vos étapes afin de ne pas vous retrouver coincé. Eh voilà, vous savez tout, vous n’avez plus qu’à prendre la route !


4 réflexions sur “Road trip en Nouvelle-Zélande : le self-contained

  1. Eh bien ! Je n’aurais jamais imaginé que ce puisse être aussi galère la vie en van… Je ne comprends pas bien en quoi tout ce bordel est obligatoire, mais ça a l’air bien prise de tête effectivement ! J’espère que ça ne vous aura pas embêté pour la suite du voyage.

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