Jeune et affamée

Cet article participe au rendez-vous du mois d’avril du collectif En France Aussi sur le thème « Un week-end à… » initié par Sylvie du blog Le coin des voyageurs et que je dirige pour la première fois ce mois-ci. Je suis très en retard pour mon article, qui clôturera donc ce beau rendez-vous. Le choix du sujet n’a pas été facile. Pas d’Ariège pour une fois mais je voulais rester en Occitanie. Pour notre webzine, j’ai consacré un article à Auch. On change de département, en restant dans un coin qui n’attire pas des hordes de touristes : le Tarn-et-Garonne. J’ai grandi tout près, à la limite avec la Haute-Garonne, pourtant je ne connais pas très bien le département. Je n’ai jamais beaucoup apprécié la plaine de la Garonne et ses champs à perte de vue, pourtant j’ai décidé d’aller y passer un long week-end pour découvrir le coin sous un autre angle. Et je n’ai pas été déçue du voyage !

Sur la route depuis Toulouse

Merville

En partant de Toulouse, on fait un premier arrêt à Merville, un petit village du Nord de la Haute-Garonne. C’est là que j’ai grandi, au milieu du maïs et du colza. On y vient pour son château. Je ne l’ai pas visité récemment, en revanche, j’ai parcouru son labyrinthe de buis, le plus grand d’Europe ! N’allez pas imaginer quelque chose de grandiose, si les haies sont très hautes, ça n’a rien de très spectaculaire et si vous venez de loin, vous risquez fort d’être déçu. Ayant grandi juste en face, à une époque où il n’y avait pas vraiment de clôtures sur le domaine, j’ai bien souvent arpenté ses allées que je connais par cœur. Il y a bien changé depuis mon enfance avec deux escape games et des jeux d’eau. J’ai testé le plus long qui est plutôt réussi (il a en plus été remanié depuis et étoffé). Le second est plus court et plus adapté aux enfants. Une bonne idée d’activité à faire en famille. Très sympa en été quand les températures sont caniculaires.

Grenade-sur-Garonne

Grenade a une très jolie halle bien restaurée et particulièrement animée les jours de marché. Si vous y passez un samedi matin, vous pourrez découvrir des producteurs locaux. Il y a en effet beaucoup de maraîchers aux alentours qui n’ont que quelques kilomètres à faire pour présenter leur produits sur les étals. Sans doute l’un des marché les plus sympas aux alentours de Toulouse, surtout si vous venez un peu tôt. Le village est une bastide du XIIIe siècle assez bien conservée qui présente une architecture typique de la région.

Montech

Nous voilà arrivés dans le Tarn-et-Garonne. On découvre le canal de Garonne, qui relie Castets-en-Castillon, près de Bordeaux, à Toulouse. Avec le canal du Midi (qui va de Toulouse à Marseillan, près de Sète), il forme le canal des deux mers. Il a été mis en service en 1856. La pente d’eau de Montech, est une sorte d’ascenseur à bateau qui permet d’éviter 5 écluses. Avec la baisse du trafic fluvial, son entretien devenait trop onéreux et elle n’est plus en service depuis 2009. Elle a été réhabilitée pour accueillir les touristes. Sur le joli port de Montech, très agréable au coucher du soleil, se trouve un de mes restaurants préférés : le bistrot Constant. Si les tarifs sont élevés, il offre une cuisine généreuse et inventive qui mérite le détour.

Moissac

La ville

Après ces quelques arrêts en route, on arrive enfin à Moissac, à moins d’1h de Toulouse en train comme en voiture. La ville s’est développée autour de sa célèbre abbaye, puis a connu son essor grâce au commerce fluvial avec des embarcations qui transportaient essentiellement de la farine et du vin. A la fin du XIX° siècle, les vignes à vin laissent la place à un raisin de table aux petits grains dorés, le chasselas. En 1930, d’importantes inondations détruisent des quartiers entiers de la ville et vont totalement modifier sa physionomie. Les villes rues pavées autour de l’église sont très jolies, il fait bon s’y balader et on y trouve beaucoup de boutiques d’artisanat.

La gastronomie

Le marché des samedi et dimanche matins est grand et très animé, avec de nombreux stands de producteurs locaux. Parmi les spécialités de la région, on trouve le raisin chasselas dans un grand nombre déclinaisons (en jus, en vinaigre, en confiture, enrobé de chocolat…), le foie gras, la truffe, l’ail de Lomagne, le safran ou encore la châtaigne ainsi que bon nombre de vins et apéritifs. Arrêtez-vous au Grain Doré pour de bonnes pâtisseries et chocolats, goûtez le macaron au chasselas ou le gâteau d’Oc (au chasselas également) chez Gilles Quèbre ou faites un arrêt chez Saveurs du terroir pour ramener des produits locaux.

Le canal et le pont du Cacor

Ici aussi, on retrouve le canal de Garonne, avec une particularité : le pont-canal du Cacor, qui enjambe le Tarn. C’est un ouvrage assez impressionnant que je vous recommande d’emprunter à pieds ou à vélo si vous venez dans les environ. Il fait 250m de long et permet au canal d’enjamber l’un des affluents de la Garonne. Il existe 6 autres ponts du même type sur le canal, dont le plus long se situe à Agen.

L’abbaye et le cloître

Mais ce qui rend Moissac célèbre, c’est son abbaye – et surtout son cloître. Ils sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle. L’abbaye Saint-Pierre a été fondée au VIII° siècle, avant d’être rattachée à Cluny (en Bourgogne) au XI° siècle. Elle était au XII° siècle le plus éminent centre monastique du Sud-Ouest de la France. L’église a été très bien restaurée et j’aime beaucoup son intérieur peint. Mais c’est le tympan de la porte sud qui la rend remarquable. Il a été réalisé au début du XII° siècle et s’inspire de l’Apocalypse. Il est impressionnant par la richesse de ses bas-reliefs. Le cloître attenant, grand et lumineux, est souvent présenté comme l’un des plus beaux au monde. Il date de 1100 et ses 76 chapiteaux sont réputés pour la richesse des thèmes religieux qu’ils illustrent, agrémentés de magnifiques décors floraux. Il a failli disparaitre lors de la création du chemin de fer et a été sauvé in extremis. Un lieu splendide qui semble hors du temps.

Les villages du Tarn-et-Garonne

Saint-Nicolas de la Grave

C’est le petit village où nous avions décidé de loger. On y trouve des maisons anciennes, notamment la mairie, située dans le château datant du XII° siècle. Il y a également une église du XVII° et une halle plus récente. C’est le village natal de Lamothe-Cadillac, fondateur de la ville de Détroit auquel un musée est consacré. Un peu à l’extérieur se trouvent une base de loisir à la confluence du Tarn et de la Garonne ainsi qu’une réserve ornithologique.

Auvillar

Magnifique village en brique qui surprend par sa halle ronde. Si elle est relativement récente (1830), venant remplacer une halle rectangulaire plus ancienne, elle marque par l’originalité de son architecture. Dans les ruelles du centre on trouve de belles maisons construites entre le XV° et le XVIII° siècle. La tour de l’horloge, marquant l’entrée de la ville, date quant à elle de Louis XIV. Ce village qui surplombe la vallée de la Garonne, avec son petit port, ses rues anciennes et sa halle atypique, a un charme fou !

Valence d’Agen

Si cette petite ville n’a au premier abord rien de bien exceptionnel, elle possède encore plusieurs lavoirs, dont deux assez remarquables, en particulier le lavoir Saint-Bernard, bâti en 1807, avec sa jolie toiture semi-circulaire ajoutée pour protéger les lavandières des intempéries.

Lauzerte

On change totalement de style avec ce village situé bien plus au Nord. Finie la brique rouge si caractéristique du midi toulousain, on est ici dans le Quercy blanc. Le village offre nombre de maisons en pierre, datant du XIII° siècle et de la Renaissance. Après être arrivés par le très mignon jardin des Pèlerins, on découvre bon nombre de galeries galeries d’art et artisans dans ses rues blanches. Un très joli village qui offre un beau panorama sur les côteaux alentours.

Côté nature

A vélo

Ceux qui me connaissent depuis un moment le savent : jamais je ne pose les fesses sur une selle de vélo, je préfère infiniment la lenteur du voyage à pieds. Toutefois, comment parler de Moissac sans évoquer le canal des deux mers à vélo ? C’est long, c’est plat, c’est bordé de platanes et c’est un paysage vraiment typique de la région (enfin de la région au sens large vu que ça va de Bordeaux à Sète quand même). Si vous aimez pédaler, pourquoi ne pas vous offrir une balade ombragée le long du canal ?

A pieds

Je n’ai pas fait beaucoup de randos dans le coin mais j’ai beaucoup apprécié de me balader dans la réserve ornithologique de Saint-Nicolas de la Grave au lever du soleil. Je ne suis pas matinale, le lever du soleil en été est quelque chose que je ne vois que très rarement (sauf si je ne suis pas encore couchée) mais avec plus de 37° annoncés, j’ai consenti à me lever aux aurores et aller marcher avant que la chaleur ne devienne écrasante. Car oui, il fait extrêmement chaud dans la région en été et quand le vent souffle, il est généralement brûlant. C’est sans doute parce que j’ai passé mon enfance dans ce coin de France où l’été est comparable à un four à chaleur tournante que je crains si peu le chaud. Mais je conçois qu’on trouve ça « un peu » extrême et j’ai moi-même mes limites, j’ai donc renoncé à quelques heures de sommeil en songeant déjà à la sieste qui m’attendait aux heures les plus chaudes de la journée. Et je ne regrette rien : c’était splendide. Si les photos d’oiseaux prises ce jour-là sont globalement ratées, le lever de soleil était somptueux et j’ai beaucoup aimé observer les nombreux oiseaux dans un décor encore silencieux.

A kayak

L’autre coup de cœur de ce séjour, c’est le même lieu – à la confluence du Tarn et de la Garonne – mais en kayak cette fois, avec Rand’eau, basé à Moissac. Il est possible de descendre la Garonne puis de remonter un peu le Tarn, en traversant la réserve ornithologique. On part de Saint-Aignan pour arriver à Moissac pour un parcours de 14km, qu’il est possible de rallonger en partant de l’abbaye de Belleperche (20km). En bonus, offrez-vous le détour par le pont du Cacor pour l’admirer depuis l’eau. Un très beau parcours, pas difficile, où on se sent seul au monde, entouré d’aigrettes et de hérons, avec la possibilité de faire des pauses baignade ou pique-nique. Absolument magnifique.

Pour conclure

J’ai passé un excellent séjour dans le Tarn-et-Garonne. Vous trouverez toutes les infos nécessaires à la préparation de votre séjour sur la page de l’office de tourisme. Si vous n’aimez pas les fortes chaleurs, je vous conseille de ne pas y aller en été. Le printemps est généralement assez pluvieux et l’hiver humide. Les mois de mai / juin ou septembre / octobre sont les plus agréables dans la région, si les températures peuvent être assez élevées, elles sont bien plus supportables qu’en plein été et il y a de belles journées ensoleillées. Les vacanciers estivaux seront en revanche récompensés par la présence des champs de tournesol.

J’ai trouvé que Moissac était une ville agréable, parfaite pour un week-end. Il y a beaucoup de jolis villages à découvrir aux alentours et je suis loin de les avoir tous cités. Si vous souhaitez prolonger votre séjour, Montauban est toute proche et c’est une très belle ville, avec sa place aux arcades en brique et ses rues pavées. Le musée Ingres Bourdelles a une collection qui mérite qu’on s’y arrête. La gastronomie n’est pas en reste, c’est une région agricole où il y a notamment de très nombreux vergers. Mais malgré beaucoup de belles découvertes, mon coup de cœur va à la confluence du Tarn et de la Garonne, un lieu apaisant peuplé d’oiseaux, bien éloigné de l’image que j’avais de la plaine de la Garonne et qui a contribué à me réconcilier un peu avec les paysages de mon enfance.

J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les différentes participations sur ce thème avec des propositions variées qui donnent toutes envie de partir en vadrouille un peu partout en France. Pour vous aussi trouver de l’inspiration pour vos week-ends, vous trouverez la liste des articles sur cette carte.