NZ : quelques jours à Christchurch

Christchurch, une ville dont j’avais beaucoup entendu parler et que j’avais hâte de découvrir. Un nom qui me laisse perplexe, un centre-ville en grande partie détruit par un séisme ravageur, une ville qui panse encore ses plaies mais qui est aussi réputée pour être vivante, festive et une mine de street-art. J’étais curieuse de découvrir ça ! Pour remettre les choses dans leur contexte, je suis particulièrement lente à écrire mes articles (surtout en ce moment !) et notre visite remonte déjà à un bout de temps. Nous y étions un peu avant Noël 2017 pour être précis. En un an et demi la ville a beaucoup changé, donc pour ceux qui y seraient allés depuis, ne vous étonnez pas si je ne suis pas à jour. La plupart des informations que contiendra cet article sont probablement périmées mais j’avais envie de partager mes impressions.

Christchurch
Une ville… particulière

On se doutait qu’esthétiquement, ce ne serait pas le coup de cœur. Entre ses vieux bâtiments en ruine, ses containers comme centres commerciaux temporaires et ses immeubles en reconstruction, on ne s’attendait pas à ce que ce soit particulièrement beau. En tout cas pas au sens classique du terme. Dès notre arrivée, on a pu constater que c’était bien pire que ça. C’est vraiment incroyablement laid… Plus on avançait et plus on se disait qu’on pourrait sûrement poser ça comme définition même de la laideur faite ville. Il va de soi que cet avis n’engage que nous, on peut bien sûr trouver un certain charme à l’endroit, on ne va pas le nier. Toujours est-il que notre première impression n’était pas terrible.

La moitié de la ville semblait faite de terrain vagues. La plupart transformés en parkings. La plupart hors de prix. On s’est garés loin du centre alors qu’il y avait des centaines (que dis-je, des milliers !) de places disponibles, juste pour éviter de payer 10$ de l’heure. Évidemment, on était en plein soleil et il faisait une chaleur infernale, mais bon, d’ombre il n’y avait point alors on a fait avec. On a espéré qu’au moins les bénéfices servaient à la reconstruction de la ville. Il nous fallait absolument une bibliothèque, de toute urgence. On suit gentiment le GPS, qui nous amène à la bibliothèque centrale. On a beau regarder à droite à gauche, impossible de la trouver. Au bout de 10 min, mon cerveau surchauffé  comprend enfin… « dis, ce ne serait pas cet immense truc en construction dont on vient de faire 12 fois le tour par hasard ? » Eh bien justement si. Elle a ouvert depuis, on avait juste beaucoup d’avance sur notre temps.

Christchurch
La Nouvelle-Zéalande et ses moutons

Demi-tour pour trouver une autre bibliothèque, proche du parking où on est garés mais dans l’autre direction, évidemment. Elle n’est pas super accueillante, il doit faire 18° C dedans alors qu’il fait un bon 35 dehors, je décide d’aller explorer la ville seule, je préfère risquer l’insolation plutôt que la pneumonie. Je commence par le centre-ville (je sais, quelle originalité folle). Autant on avait trouvé l’arrivée en ville très moche, autant le centre m’a vraiment fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. La cathédrale éventrée m’a profondément touchée, il en émane une beauté funeste qui ne laisse pas indifférent. J’ai passé beaucoup de temps à l’admirer, au bord des larmes. Les alentours sont assez vivants, il y avait beaucoup de monde, des food trucks installés tout près, l’ambiance était très sympa.

Cathédrale éventrée suite au tremblement de terre à Christchurch
Les restes de l’ancienne cathédrale

Je continue ma route au hasard des rues pour découvrir un quartier flambant neuf qui abrite des boutiques rutilantes. Les Zara et H&M les plus étincelants des antipodes s’étalaient sous mes yeux. J’étais quelque peu dépitée. La reconstruction de l’hyper-centre semblait avoir commencé par sa partie la plus essentielle : un centre commercial géant où se côtoient les plus grandes marques internationales de fast fashion. Sacré sens des priorités, vous en conviendrez ! Mais en exploratrice intrépide et allergique à la clim, je continue ma route. Une route bien solitaire et monotone. En effet, il m’aura fallu bien peu de temps pour comprendre que cette ville n’est absolument pas à l’échelle d’un petit piéton d’1m60. J’ai eu l’impression que le moindre pâté de maison faisait facilement 500m de côté… Ca crée assez rapidement un sentiment de sur place assez désagréable quand le goudron te colle au semelles.

Par contre, force est de constater qu’on ne nous avait pas menti, côté street art, ça envoie du lourd. Du très lourd même. Une ville en ruines dont la reconstruction commence à peine est un sacré terrain de jeux pour les artistes de rue. Partout des terrains vagues et des pans de murs gigantesques que les artistes se sont appropriés. J’ai adoré les découvrir et on est très loin d’en avoir fait le tour. Rien que pour cet aspect, la ville vaut vraiment le détour ! Durant ma balade, je repère plein de bars qui ont l’air plus sympas les uns que les autres. Mais on est invités chez des français pour notre premier soir sur l’île du sud (bon en vrai c’est le 3° mais on a passé les 2 premiers sur la route, ne chipotons pas), l’apéro attendra le lendemain. Je vous passe le récit de notre soirée entre compatriotes. Ce sont vraiment de gros cons, une fois de plus on connaît la honte d’être français, sans doute notre pire soirée du séjour. Je regrette d’avoir partagé mon saucisson de Noël venu tout droit d’Ariège avec eux, ils ne le méritaient clairement pas. On se trouve un freecamp a perpète et on essaie de digérer notre déception.

Le lendemain, pour essayer de se remettre de nos désillusions de la veille, on commence par un petit café (clairement notre plus gros poste de dépense des vacances le café du matin ! … exæquo avec le cidre du soir). On s’arrête dans un des nombreux endroits que j’avais repérés et on passe un super moment dans un décor magnifique. Benjamin retourne à la bibliothèque et je retourne explorer. Je m’arrête au container mall, peu à peu délaissé au fur et à mesure de la reconstruction, je trouve quelques artisans sur le marché qui ont de jolies choses (dont le pendentif en jade que j’ai ramené comme souvenir). Je découvre d’autres fresques impressionnantes, bref je continue mon petit tour. Je vois des choses surprenantes, des coins très jolis avec des maisons anciennes et de la verdure, d’autres terrains vagues, des rues toutes neuves et beaucoup de containers qui abritent des bars ou des boutiques devant des façades en ruines, tous les styles se côtoient dans cette ville bien obligée de se réinventer.

C1 Christchurch
Jolie déco et café de qualité

Cette fois, on a le temps de se trouver un endroit sympa pour la soirée. Vu le nombre de bars que j’ai repérés, on aurait de quoi tenir un mois sans problème, il ne fait aucun doute que le plus dur va être de choisir. Et c’est là qu’on a été confrontés à un phénomène étrange pour la première fois de notre séjour au pays des kiwis : tous les lieux que j’avais repérés durant la journée et qui semblaient sympa et décontractés (comme partout en Nouvelle-Zélande quoi) semblaient s’être soudainement transformés en repère de bourges venus étaler leur fortune. Robes de mousseline rose, boucles impeccables, ongles fraîchement manucurés et talons dorés ou argentés où qu’on pose les yeux. L’île du Nord ne nous avait pas préparés à ça (spoiler, on n’a jamais retrouvé ça ailleurs dans l’île du Sud non plus). Chaque table semblait accueillir un stock de coupes de champagne, même dans le bar à bière le plus basique. On a pris peur. Mais n’écoutant que notre courage, après avoir erré longuement comme des âmes en peines, on tente une incursion dans un bar à jazz. On s’est fait refoulés parce qu’on était en tongs… Quelques semaines plus tard nous aurons notre revanche dans un bar classe de Wellington qui nous acceptés en short de sports détrempé par l’averse.

Nous avons tout de même atterri dans un endroit chouette et plus fréquentable mais franchement, on l’aura mérité ce cidre parce qu’on a galéré à se poser. Avec le recul et après en avoir parlé à des gens qui ont passé plus de temps à Christchurch, il se peut qu’on ait joué de malchance et qu’avec l’arrivée imminente de Noël on soit tombés sur un nombre inhabituel de personnes hyper bien sapées, venues fêter ça avec quelques jours d’avance entre collègues ou entre amis. En tout cas, c’était assez perturbant… Après avoir bu un verre, on est allés se promener dans les rues calmes et s’amuser au jardin sonore près de la bibliothèque. Un endroit super sympa où des installations permettent d’explorer plein de sons plus étranges les uns que les autres. On est fans !

On a passé une dernière matinée en ville. On voulait découvrir la cathédrale en carton. Hors de question de repartir avant d’avoir vu cette construction emblématique de la ville. Malheureusement elle était fermée quand nous y sommes passés mais déjà de dehors c’est assez impressionnant. Beaucoup d’œuvres de street art imposantes m’ont touchée dans ce quartier, notamment un hommage aux victimes du tremblement de terre. La dernière journée est restée dans la lignée des deux premières : on découvre deux choses qui nous perturbent ou nous déplaisent pour une qui nous touche. Même pas 3 jours et cette ville nous fatigue déjà. Nous épuise même. On a les nerfs à fleur de peau. Elle nous met à mal, nous bouscule, on croit commencer à l’aimer et voilà qu’elle nous malmène à nouveau avec ses rues trop longues, cette configuration étrange dans laquelle on perd nos repères et où on ne se reconnaît pas. On voudrait l’aimer, on trouve des détails qui nous attirent et pourtant on se sent étranger à l’ambiance si particulière qui flotte en ces lieux.

Cathédrale en carton de Christchurch
Une cathédrale… en carton !

Nous sommes repartis avec un petit goût d’inachevé et un certain soulagement de cette ville qui nous a donné l’impression de souffler constamment le chaud et le froid. Moi qui aime marcher dans les rues pendant des heures, je l’ai trouvée démesurée, gigantesque, inhumaine. Mais elle est aussi vivante, colorée, exubérante, dynamique, changeante. Son histoire est touchante et je regrette de ne pas avoir pris le temps de visiter ses musées, notamment celui dédié à l’activité sismique. Une ville surprenante, déroutante, unique. Une ville qui change, se réinvente, se reconstruit. Une ville qu’on aime ou qu’on déteste mais une ville à découvrir, assurément.

Christchurch

 


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