Rome en fauteuil

Il y a un an, je découvrais Rome. Je ne sais pas pourquoi, cette ville ne m’avait jamais tentée outre mesure, j’avais toujours été bien plus attirée par Florence et la Renaissance que par la capitale et l’Antiquité. Vision légèrement simpliste des choses, je vous l’accorde. Mes parents m’avaient offert un bon pour un séjour dans l’une de ces deux villes qu’ils adorent – chacun ayant sa préférence – mais à l’heure du choix, ce sont les finances qui ont décidé pour nous. Rome est moins chère et nous étions bien contents de pouvoir partir 5 jours avec notre petit budget. C’était donc décidé, ce serait la ville éternelle. Seulement voilà, quelques jours avant le départ, je me suis blessée à la cheville. Impossible de marcher plus de quelques mètres et explorer une ville en béquilles me semblait très optimiste. Impossible d’annuler sans quasiment tout perdre. La solution était toute trouvée : le fauteuil roulant. Sur le moment, la solution ne m’enchantait guère mais je n’en voyais pas d’autre. En route pour des vacances roulantes donc ! Évidemment, je ne parle que pour moi, j’ai conscience d’être grandement privilégiée dans la mesure où je pouvais me permettre le luxe d’alterner fauteuil et béquilles et où monsieur affamé est un grand sportif qui a été super heureux de me pousser pendant 5 jours. Seule, ou si je n’avais pas pu marcher du tout,  les choses auraient été bien différentes. N’hésitez pas si vous avez des questions, j’essaierai d’y répondre au mieux. Bien sûr, les valides ont le droit de me lire aussi. C’est parti pour un long récit.

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Sous les arcades de la Plaza de la Republica

Jour 1

Nous avons loué un fauteuil à Paris et l’avons transporté (sans frais supplémentaire). Pas de chance, la compagnie l’avait perdu – ainsi qu’une valise – à notre arrivée à Rome. Si la location ne coûte que 16€ par semaine, la caution est en revanche élevée, gros stress donc. Après d’âpres négociations et de précieuses heures perdues en énervement inutile, on nous en a prêté un qui sert habituellement aux transferts au sein de l’aéroport. Nous pouvions enfin commencer la découverte. Je ne vous raconterai pas tous les détails, ni ne vous parlerai de toutes les adresses, le voyage commençant à dater un peu, mais ces vacances méritaient tout de même un petit compte rendu (qui comme vous allez le voir va s’avérer interminable, je suis incapable de faire bref).

Santa Maria degli Angeli e dei Martiri
Insoupçonnable de dehors, une église surprenante

La première journée a été non seulement amputée par les problèmes à l’aéroport mais a en plus été pluvieuse. Nous sommes allés déposer nos affaires à l’hôtel situé tout près de la gare Termini (quartier moche mais emplacement stratégique idéal) puis nous sommes allés découvrir le quartier. J’ai trouvé très originale l’église Santa Maria degli Angeli e dei Martiri et j’ai beaucoup aimé le musée situé dans les termes di Diocleziano. Un petit stop ensuite dans une pâtisserie sicilienne pour une petite pause accompagnée de bons cannoli. C’était plutôt bon mais un peu cher et l’ambiance beaucoup trop guindée à mon goût. Repas rapide le midi comme le soir, tout près de l’hôtel. Il pleuviote, on boude un peu pour nos bagages, on commence à voir de jolies choses, la chambre d’hôtel est pourrie, on ne sait pas trop encore quel chemin vont prendre ces vacances. On a connu des débuts plus prometteurs en tout cas.

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Le très joli musée situé dans les thermes antiques

Jour 2

Les choses sérieuses ont commencé le lendemain. Je dois avouer qu’il m’a fallu un certain temps pour m’habituer aux trajets en fauteuil. Il y a beaucoup de pavés et de trottoirs défoncés à Rome et le moins qu’on puisse dire c’est que ça secoue ! Éviter les coups dans ma cheville fragile et douloureuse au moindre choc est vite devenu mon principal challenge. Avec un peu d’entraînement, on s’y fait à peu près (j’ai donc passé la moitié de mes journées une jambe en l’air, de quoi la poser n’aurait pas été du luxe, à prendre en compte donc lors de la location d’un fauteuil). On a aussi assez vite mal au dos et aux fesses. L’avantage quand on peut se déplacer en béquilles, c’est qu’il suffit de d’alterner de temps en temps et de faire quelques étirements réguliers pour ne pas finir en compote. Je vous conseille également un plaid à mettre sur les jambes parce que c’est dingue comme on peut avoir froid aux gambettes quand on ne les bouge pas. Pour le reste, quand on a un bon pousseur, pouvoir explorer la ville sans fournir le moindre effort et se laisser rouler demande un peu de lâcher prise mais n’est finalement pas si désagréable. C’est en tout cas beaucoup mieux que les ampoules aux mains à cause des béquilles. Mais surtout, l’énorme avantage, c’est le pouvoir coupe-file ! En béquilles, on est obligé de faire la queue alors même que le seul fait de rester debout est une torture, en fauteuil, on est mieux installés et on n’attend nulle part. Mon copain a même fini par se demander si on devrait pas louer un fauteuil pour toutes nos vacances (je n’irais pas jusque-là mais bon, c’est quelqu’un de très enthousiaste…). Certains lieux ne demandent même pas de justificatifs pour appliquer la gratuité (à laquelle j’ai droit par ailleurs), je ne vous raconte pas le temps et l’argent qu’on a économisé.

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Les rues de Rome

On a toutefois fait assez peu de visites de musées et sites touristiques. Nous avons fait le Colisée, le forum et le Vatican pour la partie payante, et le Panthéon et la fontaine de Trévi pour les célébrités gratuites. C’est à peu près tout. Plutôt sage pour 5 jours. Nous avons passé le reste du temps à simplement nous balader au soleil dans les rues – et à beaucoup trop manger. On a repéré plein de choses à voir et pour ce 2° jour on se dirige vers le centre. Je ne sais pas ce qu’on avait prévu mais ce qui est sûr c’est qu’on ne l’a pas fait. En partie parce que mon fauteuil a été retrouvé et qu’ils ont décidé de faire l’échange au beau milieu de la journée. La valise suivra plus tard. On a mangé dans un parc, erré dans les rues, bu du café, vu la fontaine de Trévi et le Panthéon (tellement impressionnant !), visité tout un tas d’églises, repéré des boutiques où on retournerait bien et trouvé un petit bar très sympa à la déco improbable pour l’apéro. Une journée comme on les aime, à ne rien faire d’autre que flâner, sous un soleil magnifique. Seul le repas du soir n’est pas une réussite. Ce sera le seul bémol du séjour.

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Sur le chemin du retour…

Jour 3

Sur le chemin du Colisée – qui représente le gros de notre programme du jour – nous visitons Santa Maria Maggiore, que nous avions repéré la veille devant laquelle il y avait telle foule que nous avions renoncé. Pas un chat lors de notre deuxième passage, bonne pioche. C’est une des quatre basiliques appartenant à la papauté à Rome. Elle conserve des structures paléochrétiennes. A l’intérieur, c’est assez impressionnant. Je n’ai pas encore vu Saint-Pierre mais c’est plus ou moins comme ça que je me la représente : marbre, dorures, mosaïques. Le sol est particulièrement beau, j’ai été subjuguée. Les styles se mélangent dans un faste que je ne soupçonnais pas de l’extérieur. Finalement, je ne le sais pas encore, mais de Saint-Pierre ou de Sainte-Marie-Majeure, mon coup de cœur sera sans hésiter pour la seconde.

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Du faste, des chaises en plastique et des confessions dans toutes les langues

Pour le Colisée, je peux vous dire que ne pas faire la queue a été un gros plus. Il y avait au moins 3h d’attente alors que nous y sommes allés le matin. Les lieux sont assez bien aménagés pour les personnes à mobilité réduite avec un ascenseur et des rampes qui permettent de se déplacer aisément. L’endroit est très impressionnant et l’audio-guide bien fichu, quoique beaucoup trop long à mon goût. On est loin d’avoir tout retenu mais sur le moment on a appris plein de choses. La taille du bâtiment m’a fait forte impression. Une belle visite. Prévoyez pas loin d’une demie-journée pour bien en profiter. Le billet que nous avions pris était jumelé avec le forum, situé juste à côté. On ressort le midi pour manger dans un petit resto du coin fréquenté essentiellement par des ouvriers. Bon et pas cher, on en ferait bien notre cantine.

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L’imposant Colisée

En revanche le forum ç’a été une autre affaire ! En théorie, il y a un parcours spécial fauteuil mais ce truc est une grosse blague. Dès l’entrée l’ascenseur était en panne. Heureusement, ce ne sont que quelques marches, on s’en est sortis mais seul c’est mission impossible. Ensuite, ce sont des pavés antiques (littéralement) avec parfois des ornières de 20 cm. Un parcours avec des pavés plus praticables est prévu, mais il croise parfois la voie antique, difficile de s’en sortir seul : ça fait les bras ! Le lieu est gigantesque et il est facile de perdre de vue les petits panneaux indiquant le chemin carrossable – qui par endroits ne l’est pas vraiment, surtout que c’est tout sauf plat ! Sans aide, je n’y serais jamais arrivée je pense.
Si vous êtes en fauteuil et seul, je vous conseille grandement d’éviter d’aller en haut, même si la vue est à couper le souffle. Entre la pente et les pavés, c’est une énorme galère, à se taper dans les deux sens. Il y a un petit musée en hauteur sensément accessible mais personne pour activer l’ascenseur. Tant pis, je décide de faire un tour sur la rampe toute neuve qui explore les ruines alentour : elle se finit par un escalier (!!!). On tente de sortir par la sortie la plus proche, après 10 min de descente fort pénible, le portail est fermé, on sonne, on refuse de nous ouvrir, c’est une sortie voiture. Bien sûr, ç’aurait été trop simple de l’indiquer EN HAUT. La seule sortie accessible en fauteuil est celle par laquelle on est entrés, elle est super loin, on a déjà vu à l’aller qu’elle n’était que très moyennement praticable, je sors mes béquilles et je laisse mon copain se démerder avec cette foutue carriole. Je suis rincée. Malgré tout j’ai trouvé cette journée magique. Cet endroit est un des plus beaux que j’aie jamais vu. Grand soleil, fleurs printanières, monuments splendides et histoire riche : j’ai adoré cette journée.

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Le magnifique forum romain

Malgré la fatigue, on décide de poursuivre sur notre lancée et d’aller boire un verre dans un quartier un peu plus excentré. L’attente est trop longue pour le bus, on décide de prendre le métro. Ca tombe bien, c’est la ligne accessible en fauteuil. Enfin, en théorie. On va à une entrée, on sonne 5 min, personne ne répond. Je dégaine mes béquilles et descend des escaliers interminables. Arrivés en bas, on s’aperçoit qu’on est descendus du mauvais côté, il faut ressortir pour prendre le métro dans le bon sens… Toujours personne pour l’ascenseur, c’est reparti. On re-sonne de l’autre côté de la rue (on ne sait jamais) et cette fois quelqu’un finit par répondre. Il ne sait pas où est la clef de l’ascenseur. Super. On attend. Rien. Il nous envoie des militaires pour qu’ils me portent. Je décline, ils insistent, c’est parti pour une descente en chaise à porteurs. Grosse galère, on a perdu un temps fou, 3 bus ont dû passer pendant ce temps mais on a bien rigolé.
Arrivés dans le quartier d’Ostiense, il fait super froid, on ne sait pas où on va, c’est moche, le moral n’est pas au top. On arrive trop tard pour explorer le coin, réputé entre autres pour le streetart. On est fatigués, frigorifiés, la journée commence à être longue, il nous faut un verre d’urgence. On trouve finalement assez vite le bar qu’on cherchait. Ça a l’air à la fois classe et sympa, on est immédiatement conquis. Après 15 minutes d’attente, on a une table et c’est parti pour un aperitivo de folie ! Le buffet est excellent et à volonté, on a mangé pour 2 jours. Pour 50€ à deux on a bu largement plus que de raison et on roulait plus qu’on ne marchait en sortant. Le proseco était bon, les cocktails divins : on est amoureux du lieu. Je pourrais aller vivre à Rome rien que pour ça je crois. On rentre en bus de nuit parce que les infos de notre guide sur les horaires des transports sont vaseuses. On me conseille d’attacher le fauteuil dans le bus, indispensable en effet si on veut survivre. On se croirait dans une attraction de fête foraine tellement ça secoue. On rentre à l’hôtel ravis, on a l’impression d’avoir passé la soirée comme « de vrais romains ». Ca y est, on est sous le charme de cette ville.

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Un aperitivo à ne pas manquer

Jour 4

Après une grosse journée la veille, on enchaîne avec le Vatican. Ç’aurait été plus malin d’avoir notre journée « tranquille » entre les deux mais avec l’histoire du troc de fauteuil ce n’était pas possible. On part tôt et on s’y rend en bus. Là encore, on a l’immense joie de ne pas faire la queue. Saint-Pierre est parfaitement adaptée aux personnes à mobilité réduite. On peut même monter sur le toit pour admirer la vue, la seule partie qui n’est pas accessible est le magnifique dôme (et une toute petite partie du sous-sol mais en même temps les tombeaux de papes et moi…). Avec les béquilles j’ai pu monter la 1° volée de marches (avec vue sur les mosaïques) mais je n’ai pas pu aller jusqu’en haut pour la vue sur la ville). On a voulu tout voir et on a perdu trop de temps. Les marbres et les dorures me mettent mal à l’aise et je me suis sentie plus oppressée que fascinée par les lieux. On aurait dû passer plus vite parce qu’à force de traîner nous avons manqué de temps pour le musée qui fermait 2h plus tôt que ce qu’indiquait le guide. Nous n’avons presque rien vu.

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Le Vatican : place et Basilique Saint-Pierre

Le musée est également plus ou moins accessible aux fauteuils. Comme nous n’avions que très peu de temps, on a foncé (presque) directement à la chapelle Sixtine. Je dis bien presque parce que trouver le chemin spécial handicapé a été plus compliqué que prévu. Il faut dire qu’il est à l’opposé de la voie normale, ce qui est un peu déroutant. Il ne doit pas être loin de faire tout le tour du Vatican et traverse des salles magnifiques mais dont je me serais bien passée (j’aime beaucoup les globes terrestres et mappemondes mais je voulais voir la peinture de la Renaissance moi). Enfin, on a fini par y arriver. La chapelle est… imposante ? Folle ? Supra chargée ? J’étais stupéfaite. On n’est pas restés très longtemps parce que j’avoue que depuis le matin on ne voyait que des choses foisonnantes et mon cerveau refusait d’enregistrer la moindre info supplémentaire, mémoire saturée. J’étais quand même heureuse d’avoir pu voir la chapelle avant la fermeture. Nous n’avons à peu près rien vu d’autre du musée malheureusement (frustration extrême en même temps que soulagement de retrouver la lumière du jour). Il était malheureusement trop tard pour visiter le château Saint-Ange, on aurait bien marché sur les pas des Borgia 5 min.

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Toute la sobriété du musée du Vatican…

On a décidé d’aller passer la soirée au Trastevere et de nous y rendre à pied (enfin à roues pour moi). Dommage que les bords du fleuve ne soient pas mieux aménagés, ç’aurait pu être sympa. Ils ont quand même l’air agréables à vélo. Le quartier regorge d’adresses sympas, aussi bien pour les bars et restos que pour les boutiques. Si j’avais été un peu plus fortunée j’aurais dévalisé une boutique de sacs et chaussures où tout était trop beau. Mais j’ai été raisonnable (ce que je regrette encore, c’est vous dire si ç’a été dur). Notre guide indiquait une micro adresse à découvrir absolument, vu la réussite de la veille, on était enclins à lui faire confiance. Même avec l’adresse et un plan, pas si simple de trouver l’adresse planquée dans une micro rue. Le resto lui-même est quasi invisible et ne dispose que de quelques tables. Il doit y avoir 12 places en tout est pour tout. Quelques plats à l’ardoise et de la vaisselle jetable ce qui surprend vu les prix assez élevés. On tente quand même notre chance. On prend du rosbeef aux anchois avec une salade amère dont le nom ne me revient pas et des pâtes tomate, citron olive et plein de bonnes choses que j’ai oubliées. L’association de la viande et des anchois est subtile, ça a du goût, c’est original, une vraie réussite. Quant aux pâtes, c’est bien simple, les meilleures de ma vie. Je ne regrette pas les 14 ou 15€ qu’elles m’ont coûté. En dessert on a partagé une mousse au citron, très bonne également mais je n’avais plus assez faim pour apprécier pleinement (non mais c’est les pâtes, impossible de rivaliser aussi).

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Le plafond tout en sobriété de la chapelle Sixtine

Fin de soirée dans un bar à jazz qui propose des jam session parce que mon copain est un passionné. L’endroit est super, avec plein de revues et de livres un peu improbables, c’est totalement décalé comme lieu, le personnel est sympa, c’est le genre d’endroits où on traînerait sûrement souvent si on vivait dans le coin et où on peut rencontrer facilement des gens. La musique était très chouette même si mes tympans, très sensibles aux aigus, ont péniblement survécu aux cuivres. Cette fois encore, retour en bus de nuit, dont les horaires ne semblent absolument pas fiables. Pas grave, on est en vacances, il fait bon, on discute en attendant et on ne s’inquiète de rien. On a raison de ne pas s’en faire puisqu’on arrive à bon port. Une fois n’est pas coutume, aucune photo de cette soirée, on s’en tiendra donc au Vatican pour les illustrations.

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Château et Pont Saint-Ange

Jour 5

On aurait voulu voir la villa Borghese mais il faut réserver très très en avance et il n’y a aucun passe droit pour les handicapés. C’est le seul moment de ce séjour où le fauteuil ne nous aura servi à rien. Le matin, nous partons faire les boutiques. On tombe devant une boutique qui fait du chocolat cru. On adore ça, on rentre. Ils font aussi des glaces au lait d’amande. Il est 10h du matin mais c’est pas grave, il nous en faut une. Et c’est ainsi qu’après les meilleures pâtes de ma vie, j’ai mangé la meilleure glace de ma vie. Nous avons goûté amande (nature en réalité), fruits rouges, pistache et chocolat. Rien que d’y penser j’ai envie de reprendre un billet d’avion aussi sec (je n’exagère même pas). Les produits sont choisis avec soin, le lait d’amande est maison et la poudre restante utilisée en remplacement de la farine dans les pâtisseries (qui avaient l’air folles mais qu’on n’a pas goûtées, on va donc devoir y retourner). Le chocolat au sucre de coco et a également été un coup de cœur. Ce n’est pas donné mais c’est tellement bon – exceptionnel même – que franchement, on n’est pas choqués. La vendeuse est adorable et passionnée, on apprend en plus plein de choses et on regrette de ne pas tomber plus souvent sur ce genre d’adresses.

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La célèbre fontaine de Trévi

Dans la même rue, on tombe sur un fabriquant de bougies artisanales, un torréfacteur, des chaussures vintage magnifiques (mais pas à ma taille) et tout un tas d’autres petites adresses charmantes. Bizarrement on a très peu acheté à Rome, on était trop absorbés par la contemplation. Le midi, retour vers la fontaine de Trévi où on trouve un buffet à 10€ étonnamment bon pour un coin aussi touristique. Cette fois il y a moins de monde près de la fontaine ce qui nous permet de prendre quelques photos potables. On continue à se balader un peu, en allant vers la Plaza di Spagna. On voit encore des chaussures incroyables. Et beaucoup de belles boutiques bien au-delà de nos moyens. C’est moins notre style de quartier mais bon, c’est joli. Pas de photo des escaliers qui étaient en travaux. On décide de rentrer par le parc où se situe la villa Borghese pour la voir au moins de l’extérieur, ce qui s’est avéré être une galère infinie et une expérience un peu stressante juste avant de prendre l’avion. Mais finalement, on a retrouvé notre chemin et on est même arrivés en avance à l’aéroport.

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Dernier point de vue avant de départ

Conclusion

Le fauteuil alors ? Gérable ou pas ? Pour moi, ça s’est très bien passé et finalement ça a même eu des avantages insoupçonnés comme le coupe-file et la gratuité à certains endroits. Sans compter que ç’a parfois été l’occasion d’engager la conversation et que dans l’ensemble les gens se sont montrés super sympas et serviables. Les trottoirs comportent toujours un emplacement où on peut traverser en fauteuil, même si c’est parfois un peu étroit ou pas très raccord avec les passages piétons, je ne me suis jamais retrouvée bloquée ou en galère de ce côté-là, ce qui a été une bonne surprise, je pensais vraiment que rien n’était adapté. En revanche il y a des rues étroites avec des chicanes pour que les véhicules ne puissent pas passer et avec le fauteuil c’est au centimètre près, en pente, ça demande de sacrément bien viser mais en théorie ça passe, avec un peu d’entraînement on s’en sort. Plus compliqué parfois avec les pavés, très nombreux et de tailles diverses. Et surtout cette ville monte sacrément, il y a beaucoup d’endroits où si je n’avais pas eu un grand sportif pour me pousser, je n’aurais jamais pu m’en sortir avec mes petits bras.

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Détails de la fontaine de Trévi

La plupart des lieux que nous avons visités étaient censés être adaptés aux personnes à mobilités réduite. Certains sont très bien aménagés, pour d’autres c’est plus compliqué. C’est un peu la loterie. Le Colisée, le Vatican, le Panthéon, ça allait, ce qui représente quand même une grosse majorité de nos visites. Le forum par contre, ce n’est pas ça du tout et c’est dommage parce que c’est de très loin l’endroit que j’ai préféré : galère absolue. Les églises ont également presque toujours une rampe d’accès. Le métro équipé semble très aléatoire d’après notre expérience mais on ne l’a pris qu’une fois, je ne recommande pas, les transports, c’est comme ailleurs, en fauteuil c’est nase. En revanche tous les bus que nous avons pris étaient équipés (heureux hasard ?). Il y a plusieurs compagnies, je ne sais pas si elles ont toutes les mêmes équipements (en revanche, trois compagnies, autant de tickets, parfois pour les mêmes trajets, bonjour la galère).
Quand on a la possibilité d’alterner avec des béquilles et quelqu’un pour donner un coup de main au moins quand quelques marches se présentent, ou pour aider dans les pentes trop raides, ça ne se passe si mal. Ça rend en tout cas bien service parce que visiter en béquilles, avec des pavés partout, c’est exténuant, je n’aurais jamais pu faire autant de choses. En revanche, j’ai eu un aperçu de la galère infinie que ça doit être pour ceux qui n’ont pas le choix. Quelque chose me dit que ça ne doit pas être mieux à Paris (en tout cas pas pour les transports). Je voulais tester en rentrant pour avoir un point de comparaison mais je ne l’ai finalement pas fait. Je ne peux que compatir avec ceux qui vivent cette galère au quotidien et j’espère qu’on va enfin finir par rendre autant de lieux que possible accessibles, il reste tellement à faire ! J’ai toutefois eu l’impression que dans l’ensemble à Rome pas mal d’efforts étaient faits pour l’accessibilité dans les lieux publics, même s’il reste beaucoup à faire.

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Pasta italienne

Pour les visites, nous avons fait les grands classiques, ce qui me semble très bien pour une première fois. Pas de conseils particulier donc, à part le fait de se laisser le temps de marcher dans les rues pour découvrir des lieux moins célèbres comme de petites églises (il y en a un nombre hallucinant), des galeries d’art ou des terrasses de cafés cachées, mais ça vaut pour toutes les villes. Comme toujours, s’éloigner un peu des rues les plus fréquentées, même au centre, permet de découvrir des adresses un peu plus confidentielles. Nous avons trouvé la plupart de nos adresses dans le guide Lonely Planet. Si les infos sur les transports ou les horaires de musées ne se sont pas toujours avérées fiables, pour les bars et restaurants en revanche, ç’a été bonne pioche à chaque fois, je ne peux donc que vous le recommander.

Nos 3 adresses coup de cœur :

Doppiozeroo : dans le quartier d’Ostiense. Aperitivo tous les jours de 18h à 21h. 10€ pour le buffet à volonté avec un verre (comptez ensuite 5€ pour un verre seul si mes souvenirs sont exacts). Le lieux fait également restaurant (environ 15€ le plat) et propose un brunch le week-end. C’est beau, c’est bon, on rêve d’avoir le même à Paris !
Pianostrada : dans le quartier du Trastevere. Un laboratoire de cuisine de poche qui propose entre autres des pâtes à tomber. Une carte courte et des saveurs incroyables. Il semblerait que l’adresse ait changé et que ça se soit agrandi avec même une petite terrasse, ça reste dans le même secteur. Et si j’en crois les photos, c’est toujours aussi bon.
Grezzo : dans le quartier del Monti, près de Santa Maria Maggiore. Le pâtissier/glacier/chocolatier bio, sans gluten, sans lactose, sans sucre raffiné, mais pas sans goût ! Des glaces au lait d’amande à tomber, un chocolat succulent et des gâteaux qui vont plus envie les uns que les autres. L’adresse des gourmands-gourmets.
Mais aussi 94 Tele, un bar/lieu d’exposition assez fou à deux pas du forum impérial et Assagi d’autore, le buffet à 10€ (vous avez droit à tout ce qui tient sur votre assiette) près de la fontaine de Trévi.

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La plus belle vue sur Rome, depuis le forum

Ces vacances m’ont donné l’impression de flâner à peu près tout le temps et de laisser des dizaines de choses à explorer derrière moi mais sans de regrets tant tout était parfait. On a super bien mangé. Et pas mal bu. A part le logement qui était très cher, ces vacances se seront de plus avérées plus économiques que je ne l’aurais cru. On m’avait dit que les restaurants étaient chers mais la plupart du temps on s’en est sortis pour 10/15€ sans se priver le moins du monde. On a fait une seule adresse un peu plus chère et elle en valait grandement la peine. Aucun regret sur nos dépenses, ce qui est finalement plutôt rare. Loger près de la gare a été un gros avantage côté transports : tout ou presque passe par là. A ce jour, je crois bien que ce sont mes meilleures vacances. On a beaucoup ri, trop mangé et trop bu, visité des lieux splendides et pris le soleil. J’ai adoré passer d’une époque à l’autre en quelques mètres, c’est un bordel sans nom et c’est magnifique. Et j’ai aimé l’ambiance de cette ville (sauf le coin hyper touristique de la fontaine de Trévi). Je crois que je pourrais y vivre. C’est le genre d’endroit qu’on peut explorer sans fin et où on se sent de suite bien. J’ai ramené des tonnes de photos et le choix a été un vrai crève-cœur, j’aurais voulu toutes les partager avec vous !

Un vrai coup de foudre que ces vacances romaines !

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7 réflexions sur “Rome en fauteuil

  1. Quand on a une poussette ou un fauteuil roulant, c’est là qu’on se rend compte que tellement d’endroits n’y sont pas adaptés !
    J’avais fait un road trip en Ecosse avec mon ex en fauteuil roulant car il avait eu un accident quelques semaines avant de partir… et ce n’est pas une mince affaire c’est clair 😉

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    1. Oui, c’est loin d’être simple même si dans l’ensemble ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai eu l’impression qu’il y avait pas mal d’efforts de faits à Rome de ce côté là. Après c’est une ville antique et en pente, en soi c’est forcément compliqué !

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  2. et bien quelle épopée
    c est un truc dont j ai tjrs peur me faire mal avant de partir
    et je confirme j ai une amie en fauteuil à Paris c la cata c le parcours du ombattant
    elle ne prend pas les transports
    heureusement qu elle a sa voiture sinon
    merci pour ce récit de tes vacances romaines
    j avais bien aimé aussi
    mais la où je suis tombée amoureuse de l’Italie c est en Sicile l’année dernière
    à ton avis pourquoi je suis allée à Bologne en mars et Naples cet été
    l’Italie ça vous gagne

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    1. Finalement ça s’est bien passé et on a plutôt décidé d’en rire mais heureusement que j’avais un pousseur de compet, seule c’aurait été autrement plus galère je pense. Il y a des endroits qui sont sensés être équipés puis tu tombes sur une marche sortie de nulle part et tu te retrouves coincée. Avec des béquilles sous la main on s’en tire toujours mais quand on n’a pas cette chance on doit connaître qqs gros moments de solitude je pense…

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